Playlist

PLAYLIST #33

SALADE D’ENDIVES

PHYSIQUE

  • Charpentier – Te Deum (Les Arts Florissants, William Christie) (Harmonia Mundi, CD) [1989]
    Parmi les grands chef d’oeuvres de la musique sacrée, le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier a assurément une place de choix. Cette version par m. Christie (pas celui des bons biscuits… oh boy, cette blague est absolument terrible) et les Arts Florissants demeure selon moi la version de référence. Les amateurs de musique baroque sacrée se doivent de savourer le tout. Qui plus est, le présent disque nous offre aussi deux oeuvres du compositeur, celles là dédiées à la vierge (une messe et une série de litanie). De la musique qui élève et qui nous fait rêver à une certaine forme de paradis (qu’on soit croyant ou non).

  • Alkan – Chanson De La Folle Au Bord De La Mer (Vincenzo Maltempo) (Piano Classics, CD) [2015]
    Programme d’oeuvres excentriques pour piano de Charles-Valentin Alkan, interprétées par un excellent pianiste se spécialisant justement dans le corpus du compositeur français. Tout comme Chopin, Alkan a surtout composé pour le piano seul. Certaines de ses oeuvres sont typiques de l’esprit du temps (on parle ici du 19ème siècle) mais d’autres sont vraiment en avance sur leur époque ; voir qu’on dirait qu’elles n’appartiennent à aucune époque… La pièce qui donne aussi son titre à l’album est une de ces étrangetés glaçantes et totalement unique… Une litanie morose, dérangée, troublante, inquiétante mais aussi pleine de compassion et d’humanité.

  • Orchestre Volta-Jazz – Air Volta (Numero Group, Vinyle) [2022]
    Excellente compile de nos amis de Numero Group (toujours en lice pour meilleur label de tous les temps) qui met l’emphase sur ce super groupe de Soukous en provenance de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), qui, dans la deuxième moitié des années 70, a sorti un album et plusieurs singles. L’ensemble combine avec une adresse folle la rhumba congolaise, le « son » cubain, le jazz-funk, le r’n’b américain et les traditions musicales Mandingues et Senufo. Au menu : rythmes hypnotiques, ambiances chaleureuses, harmonies vocales entraînantes et surtout un fun contagieux.

  • Cosmic Church – Vigilia (Kuunpalvelus, Vinyle) [2015]
    Très solide EP de black metal atmosphérique gracieuseté du projet de celui qu’on surnomme Luxixul Sumering Auter et dont on voit la silhouette encapuchonnée (tout en rouge, ça rappelle « Don’t Look Now » de Roeg) se promener dans une forêt lumineuse sur la pochette. On a ici droit à 4 pistes assez longues d’un BM superbement composé, très mélodique et émotif, avec une production assez claire/scintillante, des synthés atmosphériques savoureux et des riffs de guitare triomphants. Ce projet (maintenant inactif) n’a sorti que du bon donc les amateurs du genre se doivent de se pencher sur une disco sans faille.

  • BBC Radiophonic Workshop – BBC Radiophonic Music (Silva Screen / BBC Records, CD) [1968]
    La BBC Radiophonic Workshop a été co-fondée par Daphne Oram et Desmond Briscoe vers la fin des années 50, afin d’alimenter la station radio d’État (et éventuellement la chaîne télé) en bruitages sonores et musiques d’habillage pour des programmes et émissions. Ce Workshop fut un fascinant laboratoire de création et de recherche sonore ; un terrain expérimental fertile au développement de la musique électronique et des musiques nouvelles at large. On leur doit aussi la musique de la célèbre émission « Dr. Who ». Parmi ses membres, on compte entre autres Delia Derbyshire (qui sera aussi de l’aventure White Noise !), John Baker, David Cain et Glynis Jones.
    Ce sublime disque compile plusieurs pistes de library music, de musique « pour bande » et autres courtes oeuvres proto-électroniques produites par ces musiciens novateurs. C’est aussi le premier CD d’un super coffret de 6 disques paru en 2020 et consacré à la musique du Workshop. Fascinant, divertissant, parfois oppressant, ludique et essentiel.

  • John Cage / Dieter Schnebel – Atlas Eclipticalis • Winter Music • Cartridge Music / Glossolalie (Ensemble Musica Negativa, Rainer Riehn) (Deutsche Grammophon, CD) [1969]
    J’suis rendu au 8ème CD du sardanapalesque coffret « Avant-Garde » de DGG et cette fois-ci, c’est au tour d’un de mes préférés : Jean l’Encagé ! Jean a composé l’oeuvre présente ici en se basant sur un atlas des étoiles d’un astronome tchèque, en superposant des portées musicales sur ses cartes stellaires… Comme si c’était pas assez weird de même, l’oeuvre peut (ou non) être jouée en même temps qu’une autre de ses compos (« Winter Music »), comme c’est le cas ici. La partition de « Winter Music » est constituée de 20 pages non numérotées plus une page de titre avec des instructions d’exécution. Ces 20 pages peuvent être utilisées en tout ou en partie par 1 à 20 pianistes… Mais comme ce n’était pas assez WTF, ces deux partitions sont joués simultanément aussi avec « Cartridge Music »… le mot « Cartouche » dans le titre fait référence à la cartouche des capteurs phonographiques, dans l’ouverture de laquelle est insérée une aiguille. L’interprète doit ici insérer divers petits objets non spécifiés dans la dite cartouche (cure-pipes, allumettes, plumes, fils, etc…) et les sons sont amplifiés…
    Bref, trois oeuvres complètement folles de John Cage jouées en MÊME TEMPS. Désorientant au possible et fascinant.
    Le disque comprend aussi une oeuvre vocale vachement chouette et folichonne de l’Allemand Dieter Schnebel (avec un p’tit bout qui ressemble à du Diamanda Galas).

  • 10cc – The Original Soundtrack (Mercury, CD) [1975]
    Un petit bijou de art-pop ! Ces mecs étaient des maîtres invétérés au niveau de la compo, des arrangements et de la production. Je pourrais les comparer à Frank Zappa dans ce département (si l’oncle Frank s’était focalisé surtout sur l’aspect pop dans sa riche et exhaustive carrière).
    Le tout débute en force avec la suite progressive de 8 minutes et demie : Une nuit à Paris (avec ses sous-sections qui parodient le genre « prog » avec une insolence à peine dissimulée). On y reconnaît tout le génie mélodique des Anglais, ainsi que leur sens de l’humour. S’ensuit LA pièce du groupe que tout le monde connaît : I’m Not in Love. On dirait ce qu’on voudra mais je trouve que ce morceau est juste absolument parfait. De la proto dream-pop avec toutes ses couches sonores qui s’enchevêtrent pour créer un espèce de monde sonore lisse et fou dans lequel il fait bon se perdre… Du soft-rock complètement psych-ambient-interstellaire… Le reste de l’album n’est pas en reste. De la criss de bonne pop 70s, efficace en diable.

  • Caetano Veloso – Caetano Veloso (Lilith, CD) [1968]
    Avec le premier album d’Os Mutantes et la compilation légendaire « Panis et Circencis », ce premier album éponyme de Caetano Veloso est une des pierres fondatrices du mouvement de contre-culture social/musical/artistique dit « tropicaliste ». Un tour-de-force de pop psychédélique croisée à de la bossa nova pour un mariage des plus réussis ! La voix de Veloso, c’est du miel, littéralement. Grand disque.

  • Opeth – Watershed (Roadrunner, CD) [2008]
    Le magnifique disque de transition des Suédois, voguant de leur death métal mélodique teinté d’influences progressives vers une musique qui, depuis, semble avoir abandonné l’aspect métallique et agressif pour se concentrer sur ses caractères rétro-prog et dark-folk. Ici, les deux facettes sont encore très très présentes. C’est un disque qui met de l’avant cette dualité, avec certains des moments death les plus épiques et dissonants de l’histoire de la troupe ; et d’autres vraiment très très prog old school et forestier. La flûte et les passages acoustiques sont renversants et quand le mellotron austère/hanté vient se pointer le minois, on a toujours des frissons. Une des plus belles réussites en carrière pour Opeth et un disque dont je trouve qu’on parle trop peu.

  • Eric Dolphy – Out To Lunch! (Blue Note, CD) [1964]
    Un disque de free jazz avant-gardiste qu’on ne présente plus tant il est légendaire et vénéré ! Ce « Parti déjeuner » de Dolphy et sa bande de musiciens extraordinaires (Tony Williams à la batterie, Freddie Hubbard à la trompette, Bobby Hutcherson au vibraphone et Richard Davis à la contrebasse) est un des albums les plus importants dans l’évolution de la musique expérimentale et abstraite. Les muzikos défont toutes les conventions du Bop avec une folle adresse et une chimie du diable règne entre eux. L’album est plus doux que plusieurs disques de Free qui s’ensuivront mais pas moins obtus… La douceur ici amène sa part de mystère insondable et brumeuse.

  • Capcom Sound Team – Mega Man 2 + Mega Man 3 (Laced, 2 x Vinyle) [1988 / 1990]
    OLD SCHOOL GEEK ALERT et retour dans ma tendre enfance !!!! Les trames sonores des Mega Man sont toutes absolument folles, en particulier celles de ces deux épisodes de la série légendaire (et aussi une de mes préférées). Je ne sais pas comment le Capcom Sound Team s’y sont pris mais rares sont les jeux de NES qui sonnent aussi bien. Quels sont vos thèmes préférés ? Moi je suis un fan fini des thèmes de Quick Man, Bubble Man, Spark Man, Gemini Man… Sans oublier le Dr. Wily Stage 1 de Mega Man 2 (une des meilleures musiques de JV EVER).

  • Oh Sees – Orc (Castle Face, 2 x Vinyle) [2017]
    Un des meilleurs albums de ceux qui changent de nom de band à toutes les 5 minutes. Un voyage hautement lysergique, enjoué et coloré à travers space-stoner-rock, heavy psych, prog-rock, krautrock et garage punk. Le tout est superbement maitrisé ; chaque piste distillant son propre petit univers sonore unique et luxuriant dans nos tympans en liesse.

  • Труп Колдуна (Warlock Corpse) – Bloody Tears of the Desert (WereGnome, Cassette) [2024]
    Dungeon synth russe résolument unique avec un côté darkwave-goth-80s et (parfois) des vocaux black métal. Comme tout ce qui paraît chez WereGnome, on ne se trompe pas (mais il faut faire vite vite vite car tout disparaît à la vitesse grand V !).

  • An Old Sad Ghost – Totentänze Akt I: Les Fleurs Du Mal & Erlweihe (Gondolin, Cassette) [2023]
    Compilation de deux courts EP (parus initialement en 2019) par ce projet autrichien fabuleux, maître incontesté des atmosphères néoclassiques maussades et éplorées. Parfait pour une journée morne et pluvieuse.

  • Gulguhk – Tuk Muk Guhk (Cursed Blood, Cassette) [2021]
    Un des nombreux projets de Finian Patraic (Ifernach, Maeströ Cröque Mört, Oldfir, Nox Morbum), Gulguhk nous abreuve ici de deux morceaux de dungeon synth gelé/transi et mélancolique à souhait, avec une atmosphère très « old school ». Les fans des instrumentaux de Burzum (« Tomhet » en particulier) vont adorer (et moi donc !)

  • Perdition Oracle – Unlight (Tour De Garde, Cassette) [2016]
    Ce qui frappe avant tout avec « Unlight » de ce groupe australien, c’est la production complètement brumeuse, fantomatique, lointaine et crue… J’utilise souvent cette image mais elle s’applique particulièrement bien ici : on a l’impression d’entendre une transmission (parasitée d’interférences) en provenance d’un autre univers très mystérieux et très ancien. Au programme : black métal furieux aux riffs acerbes (très « première vague de BM »), claviers gothico-symphoniques-antédiluviens, passages atmosphériques glaçants, batterie très punk et même un côté death metal dissonant (à la Portal). Assez grandiose et totalement inconnu des masses. Cette sortie mérite l’attention de tous les amateurs de musique extrême.

  • Hellberg – Elixir (Hellberg, cassette) [2023]
    Drone/dark-ambient absolument stupéfiant et hanté à fond. Un grand malaise suranné et ancestral ; avec des relents (anti-) liturgiques au travers. Aucune explication du créateur, si ce n’est cette missive obtus :
    “ There is no coincidence.
    Every path is predetermined. Everything happens when it has to happen. In the right place at the right time. As if the tapestry of the world were a network of infinite threads. Everyone in their place. But very few of us know where we are headed.“

  • Avog – Demo I (Avog, Cassette) [2024]
    Synthé donjonné / dark ambient suédois très fantaisiste/médiéval/relaxant, avec des morceaux empreints de cette atmosphère Castlevania-esque (cet orgue y est pour quelque chose). J’ai déjà hâte à la suite.

  • Curtis Mayfield – Curtis (Rhino, CD) [1970]
    Le premier album solo de Curtis Mayfield est un coup de maître et un des disques de soul-psych-funk les plus importants de tous les temps. Doté d’une production absolument incroyable, d’arrangements fastueux, de chansons formidables et emblématiques, de musiciens hors pair… J’en reviens encore pas. Chef d’oeuvre total et complet.

  • Melt-Banana – Cell-Scape (A-Zap, CD) [2003]
    Aaaah, le Japon ! Il n’y a que ce pays de fous furieux pour nous produire de tels disques. Cell-Scape, c’est cinglé-pop-punk-noisecore-kawaii-hardcore-art-space-rigolo-violent-FUN-abrasif-glitch-fanfare-électro-psych-rose-bonbon. Si l’expérience d’ingérer 8 double-expressos en 10 secondes se traduisait sous forme musicale, ça donnerait Melt Banana. Une certaine forme de Nirvana.

  • Enya – Enya (Atlantic / New Age, CD) [1986]
    Premier album d’Enya (rebaptisé « The Celts » dans sa réédition) après son bref passage au sein de Clannad. C’est en réalité la bande sonore accompagnant un documentaire de la BBC, ce qui explique la grande proportion de morceaux instrumentaux. Même si ça fait de moi quelqu’un de supposément archi-NOT-cool, je dois avouer mon amour invétéré à la demoiselle (Enya ist krieg!). J’admire toute sa discographie. Mais j’ai un attachement certain à ce premier essai très doux, planant et cinématographique.

  • Turkish Ladies. Female Singers from Turkey 1974 – 1988 (Epic Istanbul, Vinyle) [2018]
    Éblouissante compile de anatolian pop qui met l’emphase sur différentes chanteuses turques des années 70-80. Au programme : des arrangements somptueux et sirupeux, ces adorables claviers analogiques très kitsch, des voix émotives et puissantes. Du gros gros fun.

  • Sonic Youth – Daydream Nation (Geffen, CD) [1988]
    Considéré par plusieurs comme leur chef d’oeuvre incontesté ; comme l’album qu’il faut posséder de SY. Je ne suis pas de cet avis. Je serais plutôt de ceux qui disent qu’il faut avoir la discographie complète de SY, parce ce qu’elle est essentielle de long en large. Cela dit, J’ADORE Daydream Nation. Comment ne pas aimer un si colossal album ? C’est un hybride particulièrement réussi entre le meilleur de ce qui se faisait en rock alternatif à la fin des années 80 et le meilleur de ce qui se faisait en musique expérimentale… Noise rock, psych, post-punk, art punk, slacker punk, rock « atonal », proto-shoegaze, sensibilités pop… Tout cela s’enchevêtre à travers des morceaux superbes, mémorables, émotifs en diable, puissants, planants, introspectifs, vertigineux… Le tout est tellement hypnotique et addictif qu’on ne voit pas passer les 70 minutes de ce disque-expérience, ce qui, vous en conviendrez, est assez rare pour un album double. Un disque qui mérite sa place dans toute discothèque qui se respecte un tant soit peu.

  • Emahoy Tsege-Mariam Gebru – Jerusalem (Mississippi Records, CD) [Archival / 2023]
    Disque d’archive de la pianiste/compositrice éthiopienne dont le style de jeu est si saisissant… Mélangeant le minimalisme d’un Satie et l’impressionnisme d’un Debussy aux traditions musicales religieuses et profanes de l’Afrique de l’Est, Emahoy Gebru nous amène dans un univers très particulier, entre calme, mystère, émotion brute et dévotion. Cette musique est sincérité même. On découvre aussi une nouvelle facette de la musicienne, qu’on entend chanter pour la première fois sur « Quand La Mer Furieuse » (pièce magnifique).

  • Ben Frost – By The Throat (Bedroom Community, CD) [2009]
    Par dessus une musique faîte toute en tension soutenue, à mi-chemin entre le techno minimal, l’ambient, l’industriel et les trames sonores de Badalamenti (référence devant l’éternel), Ben Frost laisse déferler sa propre meute transgénique de loups électriques hurlant majestueusement dans une nuit sans fin. À l’aide de milles et un bidouillages et samples, il ré-assemble le loup électroniquement : son chant nocturne, ses grognements bestiaux, ses pas dans la neige, sa rapidité alors qu’il fonce sur une proie, sa férocité sans borgne lorsqu’il la déchire, sa violence sauvage et dénuée de sentiment. Le résultat : un album foutrement original et inquiétant – une musique qui veut te sauter à la gorge à tout moment… qui t’ensorcèle et t’oppresse en même temps, à la fois glaciale, vorace, minimale, orchestrée, énigmatique, nostalgique et cinématographique.

  • Maxine Funke – River Said (Disciples, Vinyle) [2023]
    Maxine continue d’enregistrer des disques de folk fantomatique ultra lo-fi dans un relatif anonymat et moi je continue d’être irrémédiablement captivé par son art… Cette fois, en plus de nous offrir 5 magnifiques pièces dignes de Linda Perhacs et Vashti Bunyan, notre Néo-Zélandaise préférée nous sert deux pistes de cloture dans un registre « ambient/new age-esques », le tout saupoudré d’enregistrement de terrain naturalistes beaux à pleurer toutes les petites larmes de son corps… Le dernier morceau se transforme en espèce de dream avant-folk qui va m’obséder longtemps.

  • Saints Martyrs – Mythologie De Dernier Recours (Folivora, Vinyle) [2022]
    Un album « coup de massue », probablement mon disque québécois préféré de 2022. Un glorieux condensé de rock « artistique-théâtral-virulent, de punk hardcore, de black métal poussiéreux de hargne, de no wave libidineuse, de post-punk mécaniquement décalibré, de goth-rock des abysses et de chanson française avariée… Et ces textes, TUDIEU ! Percutants, poétiques, audacieux, pertinents, imagés à outrance, noirs comme la suie… Il n’y a aucun groupe comme les Saints Martyrs.

  • Rachel’s – Handwriting LP (Quarterstick, CD) [1995]
    Cet ensemble de musique de chambre / post-rock / dark-jazz (avec un soupçon de musique concrète) m’a tout de suite séduit avec ce premier album. En provenance de Louisville, Kentucky (une ville très célèbre pour sa scène alternative novatrice dans les années 90), Rachel’s est surtout composé de musiciens issus de cette scène mais produisant une musique à milles lieux du rock, du punk ou du hardcore… Ici, on a droit à des pièces de classique contemporain très épurées et portées par le piano, le vibraphone, la clarinette, la contrebasse, le violon, le violoncelle et la viole. L’ambiance est automnale, mélancolique (voir parfois très triste/dépressive/amère), mystérieuse, blafarde, cinématographique… Un très très beau disque.

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GUILLAUME P. TRÉPANIER

Un autre petit « mur du son » de mes écoutes récentes 😎

  • Gift – Gift (1972) [Allemagne]
    Leur premier nom, « Phallus Dei », leur a valu bien des refus auprès des maisons de disques. C’est finalement sous le nom de Gift que cette formation allemande heavy psych/proto-metal aux passages kraut a pu produire un album.
    Leur son a tout pour vous donner envie de donner des coups de poings dans le vide en dansant!

  • B.F. Trike – B. F. Trike (1971) [US]
    Une des mes sorties Guerssen favorites, on a ici un album non publié à sa sortie, d’un groupe qui renaissait des cendres d’Hickory Wind, une formation garage/psych épatante aillant lancé un album en 1969.
    Avec B.F. Trike, c’est une voix au timbre unique, du gros riffage où la basse et la guitare se poussent mutuellement vers le haut en parfaite symbiose et un drum bien tapageur, mais appuyé et précis. Le feeling qui se dégage des tunes a quelque chose de particulièrement énergisant.

  • Euclid – Heavy Equipment (1970) [US]
    Un disque qui porte très bien son nom, cet album d’Euclid nous garroche du rock très crasseux, énergique, cru et heavy pour l’époque. Ça vient du Maine et ça respire l’authenticité.
    Je serais déçu d’apprendre que ces gars-là prenaient une douche régulièrement.
    Ce genre là, t’sais?
    En tout cas, belle petite perle obscure de 1970.

  • Liraz – Zan (2020) [Israël]
    Liraz est une chanteuse et actrice israélienne d’origine iranienne qui produit de la musique à la fois électro, pop, un brin psychédélique… tout en conservant une esthétique propre au moyen-orient.
    Il est intéressant de mentionner que Zan contient des collaborations clandestines avec des musiciens iraniens. Des fois, il faut ce qu’il faut!
    Son nouvel album, Roya, sorti l’an dernier, m’a donné le goût de faire tourner celui-ci en attendant de le recevoir.
    Si vous aimez Altin Gün, Kit Sebastian ou la musique du moyent-orient en général, go!

  • Banco Del Mutuo Soccorso – Orlando : Le Forme Dell’Amore (2022) [Italie]
    Dernier opus d’un de mes groupes italiens favoris, Banco Del Mutuo Soccorso.
    Une formation qui vieillit extrêmement bien et qui ne cesse de produire des disques de qualité dans une esthétique bien propre à elle.
    Un son toujours progressif, bien orchestré avec de l’orgue pur et sans effet, élégant et introspectif.
    Je n’aurais jamais cru qu’ils tiendraient aussi bien le volant jusqu’en 2022.

  • Haruomi Hosono, Shigeru Suzuki & Tatsuro Yamashita – Pacific (1978) [Japon]
    Album culte réunissant 3 grands musiciens japonais, Pacific plonge son auditeur dans une ambiance chaleureusement bleutée.
    Avec des morceaux style « city pop », soft jazz ou funk garnis de quelques pointes d’électro, c’est une oeuvre qui peut s’écouter à l’infini sans aucune chance de s’en lasser.
    En plus, du côté d’Hosono, il est très intéressant d’entendre son matériel pré-Yellow Magic Orchestra!

  • Matt Berry – Simplicity (2023) [UK]
    Un d’mes artistes préférés des dernières années, Matt Berry s’est surtout illustré dans le monde du folk-rock, avec un détour dans le monde de l’ambiant.
    Il nous revient ici avec un album kpm « Library Music » fantastique. Bien qu’instrumental, Simplicity est à son image : sympathique, invitant, léger, mais brillant.
    La basse bien groovy et dansante, des effets « flanger » dans le snare, les percussions diverse style « woodblock » et tambourins, mellotron… tout est là pour passer un bon moment.

  • Conventum – Le Bureau central des utopies (1979) [QC]
    Enfin, le deuxième Conventum joint les rangs de ma collection, avec quelques petits rubans, mais vu la rareté, je m’en contente.
    Avec sa magnifique pochette et son titre intriguant, ce disque livre un produit assez unique où la formation navigue à travers l’avantgarde, le prog, l’électro, le folk, l’expérimental et le trad. Les musiciens sont en maîtrise de leurs instruments, ça je vous le dis.
    Belle petite pépite québécoise!

  • Paul McCartney – McCartney (1970) [UK]
    Un album plus « lofi/slacker » de Paul, qui l’eut cru. Très différent et rafraîchissant par rapport à son matériel habituel.
    Plein de bonnes tunes, bien senties.
    2 classiques : Junk et Maybe I’m Amazed. Du gros fun.

  • King Gizzard & The Lizard Wizard – Flying Microtonal Banana (2017) [Australie]
    Que de beaux souvenirs liés à cet album. Moi et ma blonde étions allée à la tournée de 2018 qui suivait leur spectaculaire série de 5 albums. Nous connaissions toutes les chansons de Flying Microtonal Banana par coeur, c’était un gros happening de les voir, plein de nos amis étaient quelque part dans la même salle, entrain de virer fou dans une foule complètement déchaînée.
    Ce que nous ne savions pas : ma blonde était enceinte et nous allions l’apprendre quelques jours plus tard.
    Aujourd’hui, j’écoute ça avec mes deux filles, qui adorent cette « musique de serpent » autant que nous.

  • Nazareth – Razamanaz (1973) [Écosse]
    Bien connus pour leur gros hit « Love Hurts », les gars de Nazareth n’étaient pourtant pas des doux.
    Ils appartiennent au courant « Led Zep/Sabbath/Deep Purple » et le disque Razamanaz en témoigne bien.
    C’est du gros hard rock énergique et tonitruant avec des flammes sur le côté. T’sais, celui-là.
    Pas un essentiel, mais ça défoule bien quoi!

  • Taï Phong – Windows (1976) [France]
    Fondé en France par deux frères vietnamiens, Taï Phong a su produire ce brillant album de prog symphonique. On y retrouve des passages instrumentaux magnifiques, expressifs, mélancoliques et plutôt doux pour le genre.
    On est aussi au milieu des années 70, alors un inévitablement sentiment « pop » se dégage de tout ça, pour le plaisir d’une écoute catchy qui coule bien.

LÉON LECAMÉ

  • Midnattsol – Where Twilight Dwells (folk métal symphonique)
  • Eros Necropsique – Crises De Lucidité (avant-garde/neofolk/rock en opposition)
  • Nuclear Man – Démo 2023 (hXc punk)
  • Coil – Moon’s Milk (drone ambient/avant-garde/industriel)
  • VA – Living is Hard (West-african music in Britain 1927-1929)
  • Les Secrétaires Volantes – Thermoplastique (garage punk/danse rock/yéyé)
  • Acid Blood – S/T (crossover metal)
  • Tori Amos – Under the Pink (art-pop)
  • Abyssos – Fhinsthanian Nightbreed (black metal mélodique)
  • Dobacaracol – Le Calme-Son (musique du monde/reggae)
  • Les Breastfeeders – Déjeuner sur L’herbe (garage punk/danse rock/yéyé)
  • Black Magick SS – Rainbow Night (occult psych rock/avant-garde)

critiques

Tyshawn Sorey – The Inner Spectrum Of Variables

Année de parution : 2016
Pays d’origine : États-Unis
Édition : 2 CDs, Pi Recordings – 2016
Style : Modern Creative, Chamber Music, Chamber Jazz, Avant-Garde, Improv

Tyshawn Sorey est un des musiciens les plus intéressants actifs actuellement. Batteur de génie à la frappe résolument unique qu’on a pu entendre chez John Zorn, Wadada Leo Smith, Vijay Iyer, Anthony Braxton, Butch Morris et Steve Coleman. Il est aussi récipiendaire d’un « Master » en composition de l’Université Wesleyan (dans le Connecticut) et directeur musical ou participant dans différents groupuscules jazz/contemporain/avant-gardistes à la géométrie variable (International Contemporary Ensemble, Paradoxical Frog, Fieldwork, Flaga… pour ne nommer que ceux là). Cet homme touche à tout et ce, de belle et fascinante façon.

Ce doublé paru chez Pi Recordings (label toujours fort intéressant) met de l’avant une composition « libre » de Sorey sur toute sa durée. « The Inner Spectrum Of Variables » s’inspire autant de l’approche improvisatrice de mecs comme Lawrence D. « Butch » Morris, Harold Budd et Anthony Braxton que de courants musicaux aussi disparates que le jazz éthiopien modal, le klezmer et la musique classique occidentale. On y retrouve plusieurs approches d’écriture musicale et de méthodes improvisatoires : ouverte, dirigée, modale, prescrite, relationnelle… C’est un captivant univers sonore qui en rappelle bien d’autres tout en avançant sa propre gestuelle propre à lui.

Sorey, tout discret (et juste) derrière les fûts, est secondé par un quatuor à cordes contemporain (violon, alto, violoncelle, contrebasse) et le piano aussi impressionniste que minimaliste de Cory Smythe qui prend ici une place de choix comme « ancre » de l’oeuvre ; le Soleil autour duquel tous les autres planètes-instruments évoluent, celui qui « porte » le tout dans une nuit sibylline et truculente.

Comme toujours chez Sorey, on a droit à de la très grande musique. Une musique aventureuse, follement belle, riche mais aussi contrôlée, qui, comme chez Arvo Pärt, invite au recueillement suprême. Et je crois qu’on tient là un album de choix à quiconque veut s’initier au « Modern Creative » vu que l’oeuvre présentée est tout de même accessible malgré sa profondeur.

Très très beau disque.


Dans un même état d’esprit, Salade vous recommande :

Article

UgUrGkuliktavikt – Noli metuere mox invictum cor meum, pro magnis quam exspectationibus

J’avais oublié de vous partager ce court morceau de UgUrGkuliktavikt qui vient clore le triptyque consacré à la déconstruction complète, irrémédiable et totale d’archives sonores immémorés… Sur cette piste (qui fait office de « coda » après les deux premières pistes beaucoup plus longues), le chant choral de « Videmus nunc per speculum in aenigmate » et l’orgue de « Organum Psychosis » se rencontrent à mi-chemin entre paradis et enfer.

Bonne écoute aux spectres incandescents, aux entités cosmiques et aussi aux hamsters. N’hésitez pas à visiter la page Bandcamp d’UgUrGkuliktavikt pour d’autres festins bruitatifs. Je vous rappelle aussi que vous pouvez aussi acheter une copie cassette de mon album De Vermis Mysteriis sur le Bandcamp des Cassettes Magiques (à savourer en lisant un p’tit Lovecraft !)..

critiques

Pharoah Sanders – Karma

Année de parution : 1969
Pays d’origine : États-Unis
Édition : CD, Impulse! – 1995
Style : Free Jazz, Spiritual Jazz, Soul Jazz

En 1967, l’étoile filante qu’est John Coltrane s’éteint. Le jazz (et la musique en général) est en deuil. Christian Vander quitte tout pour l’Italie et commence à cogiter Magma dans sa tête, en l’honneur de son héros disparu. Les Archie Shepp, Albert Ayler, Sun Ra, Peter Brötzmann, Cecil Taylor, Paul Bley et Sonny Sharrock de ce monde continuent de faire évoluer ce Jazz libre, qui a puisé ses origines chez Coltrane et Ornette Coleman, respectivement… Mais c’est le disciple saxophonique de John et ancien membre d’un de ses meilleurs groupes, Pharoah, qui va rallumer la comète Coltrane et reprendre le flambeau de ce Jazz spirituel si singulier qui caractérisait la dernière période de la discographie de celui que le meilleur batteur de tout les temps à baptisé « l’homme suprême ».

Après un premier jet superbe (« Tauhid », en 1967), Sanders revient en 1969 avec son coup de maître, l’orgasmique « Karma ». Il y exprime là toute sa fougue, toute sa vision d’un jazz devenue communion spirituelle, son vocabulaire sonore éblouissant, sa vision d’une musique tout ce qu’il y a de plus coltranesque mais bien personnelle à la fois. À la tête d’une horde de musiciens investis jusqu’à la moelle (avec, entre autres, Ron Carter et Richard Davis à la contrebasse, Lonnie Liston Smith au piano, Leon Thomas aux percus et au chant habité, Billy Hart et Freddie Waits à la batterie, James Spaulding à la flûte, Zoot Sims au sax ténor et un certain Julius au cor anglais), le pharaon du sax va donner vie à une musique métissée, qui va puiser ses racines dans des cultures diverses, qui rend hommage aux divinités célestes et qui sera érigée de manière totalement libre et ouverte, comme une sorte de messe Jazz qui évolue vers la transe jubilatoire.

L’album se résume surtout à un morceau audacieusement épique, l’éternel  « The Creator Has a Master Plan ». Cette exaltation de presque 33 minutes est un véritable maelstrom sonore qui prend des teintes multiples à travers son passage ouraganesque. Il n’y a pas de trame narrative à proprement parler. C’est un capharnaüm bouillonnant d’excès et de splendosité qui nous arrache à nos pompes et nous fait voyager à travers diverses Terres, diverses constellations étoilées, divers univers tous plus charnus les uns que les autres.  On se laisse porter par cette musique, tout simplement. Et dieu que c’est bon. À travers l’épopée, Sanders explose de ses milles rages bienveillantes, hurle dans son instrument, refaçonne la manière de jouer du sax comme si il s’agissait d’un instrument nouveau. Il monte tellement haut et loin. C’est absolument époustouflant.

L’album s’achève sur un coda tout en douceur, le bien nommé « Colors », qui irradie de beauté nocturne et qui vient clore le premier grand cycle de la carrière de sieur Sanders. Plusieurs autres s’ensuivront…


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Playlist

PLAYLIST #32

SALADE D’ENDIVES

PHYSIQUE

  • Maria João Pires, Schubert – Le Voyage Magnifique (Schubert • Impromptus) (Deutsche Grammophon, 2 x CD) [1997]
    Parmi les oeuvres romantiques pour piano seul, les Impromptus de l’Autrichien Franz Schubert sont aisément dans le top 5 de ce qui fut composé dans le genre. Il existe plusieurs versions splendides, comme celle très fluide et délicate de Alfred Brendel ou encore celle très personnelle de l’excellent Radu Lupu… mais la plus magnifique, poétique et « juste » selon moi, c’est celle-ci. La pianiste portugaise rend pleinement justice au miraculeux de Schubert. Laissez-vous emporter dans ce voyage magnifique…

  • Bernd Alois Zimmermann – Ballet blanc en cinq scènes pour violon, violoncelle et piano; Intercomunicazione per violoncello et pianoforte (Deutsche Grammophon, CD) [1969]
    7ème CD du fantabulesque coffret « Avant-Garde » de DGG présentant cette fois deux oeuvres de musique de chambre très austères (voir démoniaques, parfois !) pour piano et cordes d’un compositeur allemand trop méconnu encore. Ce ballet blanc et ce Intercomunicazione vont vous surprendre, vous faire frémir et vont assurément activer tout un cinéma intérieur dans vos petites matières grises… Malheureusement, Zimmermann se donnera la mort en 1970, soit un an après la sortie de ce disque. Je crois que je vais devoir plonger plus en profondeur dans son corpus, car je suis sous le charme (suranné) de ce disque on ne peut plus perturbant.

  • Mike Oldfield – Tubular Bells (Virgin, CD) [1973]
    Je me replonge dans mes amours de jeunesse… Fut un temps où ma discothèque était uniquement composée d’une dizaine de CDs et Tubular Bells était l’un deux. Quel plaisir de réécouter ce disque… C’est comme retrouver un vieil ami (dans la joie et l’euphorie) et réaliser qu’on est encore tout à fait complémentaires, que le plaisir est toujours intact, que la magie opère exactement de la même manière qu’il y a (bientôt) 25 ans !
    Mike était juste un génie. Le petit salaud n’était même pas majeur quand il a commencé à concevoir son « cycle » magistral. Oeuvre accouchée dans la douleur, dans le mal-être, à travers les larmes et le désespoir probant… Le mal de vivre, c’était le lot du jeune Oldfield à l’époque. Et la musique : sa muse, son refuge… ce qui l’aidait à outrepasser sa souffrance. Et cette souffrance, on l’entend à travers cette oeuvre incroyable. L’émotivité y est à fleur de peau. MO a absolument tout donné pour créer Tubular Bells. Sa santé physique et mentale, son âme, son énergie vitale… Des nuits blanches d’enregistrement, de multi-tracking, de prod. On comprend que c’est l’album d’une vie (même si il réussira même à faire mieux par la suite ! si-si !), un « statement » musical à tout rompre ; comme certains compositeurs vont livrer à la fin d’un long parcours de création… mais rappelons ici qu’il s’agit d’un tout premier album solo pour un type qui a alors uniquement 19 ans lorsqu’il l’enregistre… Fou, fou, FOU.
    Et la musique ? Un savant et très personnel hybride de folk onirique, de rock progressif, de proto-ambient, de musique répétitive-minimaliste (influence avouée de Terry Riley), de musique classique, de proto-musique du monde et j’en passe. Mike joue d’une vingtaine d’instruments et crie aussi comme un homme des cavernes (de manière proto Death Métallique, comme si cet album n’était pas déjà assez fou comme ça). Je vais arrêter d’écrire parce ce que ça commence à ressembler à une critique dithyrambique ou à une lettre d’amour… Bref, oeuvre COLOSSALE.

  • Negură Bunget – ‘n Crugu Bradului (Code666, CD) [2002]
    Génial groupe qui nous provient de Transylvanie (on peut difficilement faire mieux niveau « origine géographique » pour un band de BM !). Les Roumains nous offrent ici un black metal atmosphérique assez grandiose et biscornu, mélangeant plusieurs styles et influences… Il y a du prog-rock (la durée des morceaux, leur côté architectural), de l’avant-gardisme (ces riffs dissonants et ces changements de tempos), du folk traditionnel, de l’ambient, du black sympho, du doom… C’est un beau chaos vespéral et fantasmagorique ; très désordonné mais très ambitieux… et surtout jouissif.

  • Bill Evans – Trio 64 (Verve Records / UMe, Vinyle) [1964]
    Quoi de mieux pour finir une soirée de musique dans le calme et le bonheur que le grand Bill Evans en mode cool jazz/post-bop très smooth et accessible, accompagné par les excellents Paul Motian à la batterie et Gary Peacock à la contrebasse ? impossible de ne pas passer un agréable moment avec de si grandes pointures, même si ils sont en mode « comfortable » ici. Je me dois aussi de recommander ce pressing (datant de 2021) qui sonne littéralement comme si les trois dudes jouaient dans ma salle d’écoute.

  • Les Diables Du Rythme – Pa Appuyé Sous Dos’m (Marc Records, Vinyle) [1971]
    Un des meilleurs albums de compas haïtien que j’ai entendu dans ma vie. Le groove est sans pareil. Ça pue le swag à plein nez. Les arrangements sont grandioses, le clavier sublimissime, les vocaux de Raymond Dormus et Jean-Larose sont magnifiques. À expérimenter de toute urgence pour quiconque s’intéresse (ou souhaite commencer à s’intéresser) à la musique caribéenne des années 70.

  • Unwound – New Plastic Ideas (Kill Rock Stars, CD) [1994]
    2ème album en carrière pour l’un de mes groupes rock préférés des années 90. Le son d’Unwound est un savant et irrésistible mélange de post-hardcore, de noise-rock anguleux, de post-rock (à la Slint) et de emo ; avec un soupçon de slowcore. Les riffs sont énormes, le drumming de Sara Lund est complètement fou, les tounes sont immenses et l’émotion brute est au rendez-vous d’un bout à l’autre.

  • John Zorn – Baphomet (Tzadik, CD) [2020]
    Composition de 39 minutes de Sieur Zornounet pour le groupe Simulacrum, composé de l’organiste John Medeski (Medeski, Martin & Wood), du guitariste Matt Hollenberg (Cleric, Shardik) et du batteur Kenny Grohowski (Imperial Triumphant). Ce trio de musiciens ARCHI-excellentissimes sont ici en mode « avant-brutal-prog-free-jazz-métallique-dans-ta-gueule-jeune-con ». Les fans de Naked City, de Painkiller et de Moonchild (autres projets de John Zorn) vont ADORER ce nouveau projet qui ratisse large.

  • Battiato – Sulle Corde Di Aries (Sony Music, CD) [1973]
    Prog-folk italien expérimental, minimaliste et très space-rock, avec une vertigineuse première piste de 16 minutes en ouverture qui sonne comme un glorieux mélange de Mike Oldfield, Tangerine Dream et Ash Ra Tempel. Les fans de prog avant-gardiste et de musique planante doivent absolument explorer ce petit bijou de toute urgence !

  • High Rise – High Rise II (Black Editions, Vinyle) [1986]
    Du gros garage-noise-punk-psych-rock japonais avec de la guitare hendrixienne tranchante hyper jouissive et un son très très cru. Un classique du genre, réédité par les bons soins de Black Editions.

  • Funkadelic – Standing On The Verge Of Getting It On (Westbound Records, Vinyle) [1974]
    Les maîtres incontestés du groove nous servent ici une autre platée de leur P-Funk à la croisée des chemins du rock psych, de la funk et du hard rock. Eddie Hazel (un des meilleurs guitaristes de tous les temps) est dans une forme remarquable tout le long. Les pièces courtes sont fabuleusement entrainantes/dansantes et les pistes plus longues sont renversantes. Quand on mets un Funkadelic ou un Parliament sur la table, on ne se trompe jamais !

  • Immolation – Here In After (Metal Blade, CD) [1996]
    Ce deuxième album de la légendaire horde américaine est un grand cru. Du Death Metal technique, caverneux, oppressif, dissonant, dévastateur ; avec un drumming magistralement inventif et des riffs hallucinogènes. Everything you want in a Death Metal record.

  • Nina Simone – Baltimore (CTI Records, CD) [1978]
    Un excellent Nina tardif, doté d’une production très lisse, avec une cantatrice souvent en mode pop-soul. La pièce titre, fabuleuse, a un beat reggae bien groovy qui restera imprimé dans votre cerveau à jamais.

  • Julia Holter – Have You In My Wilderness (Domino, CD) [2015]
    Un disque de art pop baroque moderne absolument renversant que je considère comme un des meilleurs du genre et auquel je reviens très très souvent. Julia vient d’un background plus expérimental mais « In My Wilderness » est vraiment son opus le plus accessible mais pas moins recherché pour autant. Les pièces sont magnifiquement composées, bourrées de petits détails sonores splendides et supportées par une instrumentation riche et une prod luxuriante. En 2015, Kate Bush a finalement trouvé une rivale de calibre en frais de pop artistique, libre et hyper-inventive.

  • Michael Pisaro, Oswald Egger, Julia Holter – The Middle Of Life (Die Ganze Zeit) (Gravity Wave, CD) [2013]
    On retrouve Julia Holter dans son versant plus expérimental, alors qu’elle co-compose avec l’Américain Michael Pisaro une oeuvre basée sur des poèmes de l’Italien Oswald Egger.
    La pièce de presque 50 minutes s’articule autour de deux enregistrements de terrain naturalistes. Le premier est prélevé depuis les rives de la rivière Große Mühl (côté autrichien) ; le second, enregistré 500 mètres plus loin, toujours aux abords de la rivière.
    Ces deux field recordings (reposants, hypnagogique et parfois mystérieux) accompagnent une musique très minimaliste, qui se décline en drones paisibles, façonnés d’instruments distants (piano, guitare, flute), de tons sinusoïdaux et de samples d’autres oeuvres de Pisaro. La narration des poèmes de Egger (en différentes langues, par différents intervenants, dont Egger lui même) vient parfaire le tableau.
    Puis, à 39 minutes environ, on entend la voix de Holter qui chante un air magnifique, aux sonorités médiévales. Elle est ensuite relayée par Pisaro au piano, qui interprète « For One or More Voices » (une compo de Holter) et c’est immensément beau. Le tout se conclue comme cela a commencé, dans cette mer de sons aquatiques, de chants d’oiseaux, de vent gémissant… Paisiblement, sereinement.

  • Trhä – Endlhëdëhaj Qáshmëna Ëlh Vim Innivte (Ixiol Productions, Vinyle) [2022]
    10ème album de mon one man band préféré en frais de black métal atmosphérique (mais pas que !). Trhä c’est le projet musical le plus prolifique de Damián Antón Ojeda, qui oeuvre aussi sous une dizaine de noms d’emprunts, tels que Sadness (blackgaze, post-metal dépressif), Life (screamo, post-rock), Nänmëë (ambient) et Comforting (black noise, indus), pour ne nommer que ceux là… On parle donc d’un musicien hyper-polyvalent et workaholic à outrance…
    Y’a rien comme Trhä. C’est un mélange de black atmo HYPER lo-fi, de dungeon/winter/comfy synth, de screamo avec des relents de blackgaze et d’experimentations sonores diverses ; du genre qu’on n’entendrait pas sur un disque « normal » de BM (Il y a un morceau ici qui sonne comme un générique d’animé japonais tout Kawai, pour vous donner une idée).
    Si pour vous l’idée d’entendre Varg Vikernes s’amuser avec des boîtes à musique de Noël tout en écoutant Elfend Lied sonne comme une bonne chose, Trhä vous est TOTALEMENT conseillé.

  • NTM – Suprême NTM (Epic, 2 x Vinyle) [1998]
    Chant du cygne pour le duo Kool Shen et Joey Starr. Gros gros classique du rap français, avec une prod et un son Boom Bap / Hardcore très east coast (les fans de Mobb Deep seront en territoire connu). Je ne suis pas le plus gros connaisseur/amateur de rap français, mais je pense que ce disque est un essentiel pour tout collectionneur pour voir ce que la scène offrait de mieux dans les années 90.

  • Ithildin – Arda’s Herbarium : A Musical Guide To The Mystical Garden Of Middle-Earth And Stranger Places Vol. III (Voices Of The Ainur, Cassette) [2022]
    Pour avoir échangé virtuellement plusieurs fois avec le mystérieux monsieur Ithildin, je pense que je peux dire avec certitude qu’on retrouve vraiment beaucoup de sa personnalité dans sa musique : ses côtés rêveur, enfantin, amoureux de la nature, mystérieux, enchanteur, geek, fan de jeux vidéos (même si il n’a jamais le temps d’y jouer… et moi donc), fan de psych/prog, fan de Tolkien/SF (bin kin !) et fan du Plantasia de Mort Garson.
    La série « Arda’s Herbarium » est sans conteste une des plus belles suites d’albums (toujours en cours) dans le merveilleux domaine du synthé donjonné-forestier-confortable. Ces courtes vignettes sonores dédiées à toutes les plantes qu’on retrouve dans la Terre du Milieu sont un vrai régal. Des petits tableaux tantôt espiègles ou féériques, souvent cocasses, parfois mélancoliques/nostalgiques, mais toujours fascinants et immersifs.

  • Crystalline Thunderbolts Pierce The Sacred Mountain – Blessed Hands Touch The Ophanim Under The Golden Rainbows (Phantom Lure, Cassette) [2023]
    Le nouveau projet Keller Synth / EDM-Black-Métal-Schizo-Avant-Gardiste de Maurice de Jong (aussi seul maître à bord de Gnaw Their Tongues, Grand Celestial Nightmare, De Magia Veterum et au moins 10 autres projets de musique extrême tous plus fous les uns que les autres). C’est absolument cinglé, aussi ridicule que génial, speedé à mort, glorieusement jouissif et désorientant. Comme une game de Tetris satanique sur l’acide et sur les uppers.

  • Solid Space – Space Museum (Dark Entries, Vinyle) [1982]
    Groupe ultra obscur londonien qui n’a produit que ce seul album mais QUEL album ! Le meilleur mélange de minimal synth, de post-punk, de new wave et de néo-psychédélisme que j’ai entendu de ma vie, je crois bien. Un des aspects qui me fait le plus triper, c’est l’adéquation de sons électroniques (claviers FRETTES, synth-drum, oscillateurs) et acoustiques (guitare, basse, batterie, saxophone, clarinette). J’ai jamais entendu ces deux univers instrumentaux enchevêtrés comme ça, ni avant, ni après. Les tounes sont folles, à la fois très pop et vachement biscornues. Et l’ambiance, la thématique et le visuel (très spatial, lunaire, science-fiction) viennent rajouter à l’atmosphère d’un disque que je considère comme un quasi chef d’oeuvre DIY oublié. Très chaudement recommandé.

  • Ralf Wehowsky, Lionel Marchetti – Vier Vorspiele / L’Oeil Retourné (Selektion, CD) [1998]
    Oeuvre de musique concrète très dronesque de 24 minutes de sieur Marchetti, réalisée pour une installation plastique de Pierre-Jean Giloux, au Fort Beauregard de Besancon. En préambule, la réponse sonore à cette oeuvre par l’Allemand Ralf Wehowsky. Fascinating stuff pour ceux qui n’ont pas peur des musiques électro-acoustiques très minimalistes. Mon épouse dit que ça fait mal à la tête.

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GUILLAUME P. TRÉPANIER

Sélection récente, de gauche à droite :

  • Majic Ship – Majic Ship (1970) [US]
    Majic Ship, dont la vie prie fin à la suite d’un incendie qui consuma tout ses instruments, est une formation tristement méconnue, mais ô combien fantastique.
    On a ici du acid rock de jeunes gringalets trippeux aux compositions fortes et maîtrisées, avec un feeling rappelant un Everybody Knows This Is Nowhere de Neil Young. L’album contient d’ailleurs une puissante reprise de Down By The River.
    J’ai spinné mon disque 3 fois de suite à la suite de mon achat, ça s’écoute comme du beurre dans poêle.

  • The Power of Zeus – The Gospel According to Zeus (1970) [US]
    Puissante et intimidante formation de Détroit dans la même veine que Cream ou Black Sabbath, The Power of Zeus s’adonne au hard rock saupoudré de musique psychédélique pour le plus grand plaisir de surprendre son audience.

  • Bachdenkel – Lemmings (1973) [UK/France]
    Enregistré en 1970, mais publié pour la toute première fois en 1973, Lemmings est le premier opus du groupe anglais Bachdenkel, qui vivait alors en France.
    La formation se distingue comme un power trio au son pesant, sombre, contrasté et aventureux, qui se promène entre le hard rock, le psych et le prog.
    J’ai toujours eu un faible pour cette pochette mystérieuse et dark. Belle illustration!

  • The Mops – Psychedelic Sounds In Japan (1968) [Japon]
    Disque assez heavy pour l’époque, les Mops ont un son bien fuzzé, dynamique et catchy.
    L’album ouvre en lion avec l’engageante « Asamade Matenai » et conserve son énergie jusqu’à la toute fin, avec au passage deux reprises de Jefferson Airplane et une des Doors, bien cuisinées à leur façon.
    Quelle pochette cool et tape à l’oeil en plus!

  • Neon Pearl – 1967 Recordings (1967) [UK]
    Premier disque où on peut entendre le génie du batteur/compositeur/chanteur Peter Dunton à l’oeuvre. Du early-psych simple, minimaliste et ultra-efficace, envoûtant, catchy. Je possède la pire réédition et heureusement, Guerssen ont ressorti une édition « belle pochette » plus tard.

  • Please – Seeing Stars (1969/2000) [UK]
    Je suis un fan fini de Peter Dunton (Neon Pearl, Please, Gun, T2) et je n’en reviens pas que ce disque enregistré en 1969 n’ait ou voir le jour qu’en l’an 2000.
    C’est un d’mes albums préférés du genre, des riffs puissants et d’une simplicité désarmante. Tout est misé sur les riffs d’orgue catchy, le drum bien boomy de Peter Dunton et sa voix unique et captivante.
    Je suis certain que le fait que Peter soit un drummer/chanteur qui compose les parties d’orgue apporte vraiment une autre dimension au psychédélisme de Please, qui n’essaie jamais d’impressionner via des compétences musicales ou des effets sonores.

  • Feu Doux – Feu Doux (2018) [QC]
    Vous souvenez-vous de ce duo éphémère de musique d’ambiance douce et complètement enivrante que formait Christophe Lamarche-Ledoux (Chocolat) et Stéphane Lafleur (Avec pas d’casque)
    Personnellement, c’est un album instrumental auquel je suis très attaché, il m’enveloppe d’une grosse couverture pour un p’tit temps et ça fait énormément de bien.
    Est-ce qu’il y en a d’autres qui ont ce vinyle ici?

  • John Prine – John Prine (1971) [US]
    « When I woke up this morning, things were lookin’ bad
    Seem like total silence was the only friend I had » sont les premières lignes avec lesquelles John Prine entame son disque éponyme.
    S’en suit une série de textes poignants et interprétés avec une sincérité désarmante.
    La chanson « Hello In There » est peut-être une des plus belles chansons country-folk du monde.
    Une écoute accompagnée d’un café noir est fortement recommandée.

  • Brian Eno – Ambient 1, Music For Airports (1979) [UK]
    À une époque où tout ce qui pouvait se raccrocher à la pop dominait le marché, Brian Eno s’est dirigé vers la conception d’une oeuvre extrêmement minimaliste où l’atmosphère est reine.
    Bien qu’il ne se passe pas grand chose dans cette musique, ça s’est avéré être un game-changer pour tout ce qui touche au monde de l’ambient avec un grand « A ».
    Bonus : on retrouve mon idole Robert Wyatt au piano sur la première pièce.

  • Vangelis – Soil Festivities (1984) [Grèce]
    Vangelis possédait un don exceptionnel pour nous plonger dans un monde ou une ambiance bien précise. Polyvalent sur les thématiques, il nous offre ici des pièces dans un esprit bio/éco/nature à petite échelle.
    Très inspirant dans la création de ma propre musique, c’est un top 3 de Vangelis pour moi.

  • Santana – Santana III (1971) [US]
    Il n’y a pas très longtemps, je soutenais encore que mon meilleur Santana était le premier, mais ce troisième opus m’a fait changé d’avis.
    C’est devenu mon préféré.
    Heavy psych, prog, jazz et musique latine s’enchaînent à merveille pour créer des morceaux éclatés et puissants.

  • Jefferson Airplane – Bark (1971) [US]
    Une pochette qui pourrait témoigner d’un album plus sombre, déglingué ou satirique, mais non… c’est peut-être un des plus « feelgood » du band.
    Très acid folk/rock, on y retrouve des excellentes cut telles que Law Man (une de mes préférées de JA), Feel So Good, Pretty As You Feel, Crazy Miranda ou encore Wild Turkey.
    Évidemment pas leur meilleur, mais je ne peux m’empêcher de lui donner un spin de temps à autre.

LÉON LECAMÉ

  • Malconfort – Humanism (avant-garde black metal)
  • INANNA – Transfigured In A Thousand Delusions (folk death metal)
  • Insidius Infernus – Pale Grieving Moon (hellenic black metal, ambient black metal)
  • Black Macha – Corundum Asteria (power electronics, distorted beats)
  • UgUrGkuliktavikt – Organum Psychosis (dark ambient, organ drone, field recordings)
  • smr.tni – unrelieving (death industrial, noise, heavy electronics)
  • LSD March – Nikutai No Tubomi (drone, psychedelic rock, free improv)
  • Anteomedroma / Angnath – split (black metal)
  • Vladimir Bozar ‘N’ Ze Sheraf Orkestär – Universal Sprache (avant-garde metal, bossa nova, klezmer, dub, lounge, musique de cirque)

critiques

Flaming Lips – Embryonic

Année de parution : 2009
Pays d’origine : États-Unis
Édition : CD, Warner Bros. – 2009
Style : Rock Psychédélique, Expérimental, Noise Pop, Space-Rock, Krautrock

HOLY SHIT !!! Quelle surprise que fut cet album ! Après un opus aussi doucereux (et pourtant savoureux) que At War With The Mystics, je n’attendais pas (plus) à confronter mes tympans à un album aussi fucked up de la part de nos adorables lèvres brûlantes. C’est comme si, depuis l’incroyable Clouds Taste Metallic (et en excluant Zaireeka, leur monument de l’étrange en 4 disques dont il faut superposer l’écoute pour goûter au nirvana étoilé), les Flaming Lips s’étaient graduellement assagis et s’en étaient même tenus à leur formule psychédélico-pop-rock-bonbon-à-saveur-d’hymne-interstellaire (pourtant rudement efficace – ne voyez pas là une critique d’un de mes groupes préférés).

Du haut de ses 70 minutes aventureuses et fantasques, Embryonic est une anomalie discographique dans le parcours musical de Wayne Coyne et de sa bande de joyeux détraqués. L’album commence sur les chapeaux de roues avec « Convinced of the Hex », sorte de mantra acide ponctué d’explosions diverses et de « rock-choucrouteries » (une influence qui se fera prévaloir à travers tout le disque). Comme pièce d’intro, ça étonne (et ce n’est que le début !). S’ensuit alors une longue suite de jams alambiqués, de délires violents et instantanés, de divagations space-kraut planantes, de prog dadaïste, de mystères sonores, de ritournelles tristounettes et psychédéliques… Embryonic est une sorte d’amalgame obscur de Can, des Silver Apples, du Pink Floyd des débuts et d’une panoplie d’albums psychédéliques de la fin des sweet sixties, le tout relevé d’un soupçon de Bitches Brew (du grand Miles) pour son côté free.

C’est clair : on navigue en plein génie musical – mais un génie ténébreux et sauvage. L’album surprend d’abord par sa longueur, son côté expérimental et hyper-varié mais aussi par sa noirceur opaque. Fini l’optimisme aveugle et illusoire des précédents opus (Yeah Yeah Song). Les paroles, géniales, expriment un profond malaise par rapport à l’être humain (« people are evil – it’s true »). Ici, Wayne Coyne, en grand poète obsessionnel compulsif, allie métaphores cosmologiques et élucubrations métaphysiques (appuyés par des extraits de discours du mathématicien allemand Thorsten Wörmann) pour livrer sa noire vision d’un monde froid et dénaturalisé. Le tout est déclamé avec sa voix si caractéristique (mais dénudé de son côté cartoonesque habituel) et accompagne à merveille le foisonnement d’idées musicales… Bref, Embryonic est grand, très grand. À mon avis, le meilleur Flaming Lips depuis Soft Bulletin. Et leur dernier GRAND album à ce jour.


Dans un même état d’esprit, Salade vous recommande :

critiques

Ben Frost – By The Throat

Année de parution : 2009
Pays d’origine : Australie
Édition : CD, Bedroom Community – 2009
Style : Dark Ambient, Musique Électronique, Post-Industriel, Drone, Noise, Musique de chambre

« Écoutez-les ! Les enfants de la nuit… En font-ils une musique ! »… Telles sont les paroles que notre bon ami Dracula emprunte pour rendre hommage aux hurlements nocturnes des loups (dans l’excellent bouquin de Bram Stoker). Dans toutes les cultures où il préfigure, ce noble canidé est source de fascination pour l’homme. Il est ancré au coeur même de la mythologie (voir les religions nordiques et leurs Dieux-loups), de la littérature et des arts en général… mais aussi les peurs et les fantasmes collectifs. Le loup est souvent source d’horreur – le messager ou serviteur des ténèbres…

Tout comme le comte Drac, Benoit Frosté semble partager cette appréciation pour ces prédateurs sans pitié. L’homme qui nous provient du froid (de l’Islande plus précisément) joue sur cet aspect sinistre du loup à travers ce By The Throat aussi somptueux que glaçant. Par dessus une musique faîte toute en tension soutenue, à mi-chemin entre le techno minimal, l’ambient, l’industriel et les trames sonores de Badalamenti (référence devant l’éternel), Ben Frost laisse déferler sa propre meute transgénique de loups électriques hurlant majestueusement dans une nuit sans fin. À l’aide de milles et un bidouillages et samples, il ré-assemble le loup électroniquement : son chant nocturne, ses grognements bestiaux, ses pas dans la neige, sa rapidité alors qu’il fonce sur une proie, sa férocité sans borgne lorsqu’il la déchire, sa violence sauvage et dénuée de sentiment. Le résultat : un album foutrement original et inquiétant – une musique qui veut te sauter à la gorge à tout moment… qui t’ensorcèle et t’oppresse en même temps, à la fois glaciale, vorace, minimale, orchestrée, énigmatique, nostalgique et cinématographique.


Dans un même état d’esprit, Salade vous recommande :

Playlist

PLAYLIST #31

SALADE D’ENDIVES

PHYSIQUE

  • Jordi Savall, La Capella Reial De Catalunya, Hespèrion XXI & Montserrat Figueras – Jérusalem – La Ville Des Deux Paix : La Paix Céleste Et La Paix Terrestre (Alia Vox, 2 x SACD) [2008]
    Un projet assez faramineux de notre violiste, chef d’orchestre et historien sonore adoré : raconter musicalement toute la riche et complexe histoire de Jérusalem en deux disques. Ouf. Méchant projet ! Savall réussit pourtant haut la main le coriace défi en arpentant chronologiquement (avec rigueur) le récit de la ville sainte en partant de la Jérusalem biblique d’avant JC, en passant par la Jérusalem juive, chrétienne, arabe/musulmane… pour aboutir sur une conclusion qui se veut porteuse d’espoir pour son futur… espoir qui, on se le dira, est dur de ressentir en ces temps incertains…
    Musicalement, c’est un fascinant voyage à travers multiple genres et pratiques musicales, de langues diverses (grec, turc, français, hébreu, arabe). Les instrumentistes, qu’ils soient britanniques, espagnols, italiens, marocains, syriens, irakiens ou arméniens nous ouvrent grand les portes sur leur univers et leurs traditions.

  • Gruppe Nuova Consonanza – Improvisationen (Deutsche Grammophon, CD) [1969]
    Rendu au sixième disque de mon périple à travers le grandiose coffret « Avant-Garde » de DGG et pas le moindre ! Il s’agit de l’ensemble de free improvisation italien Gruppo di Improvvisazione Nuova Consonanza (aussi connu sous le nom plus court de « The Group ») qui avait en son sein Franco Evangelisti au piano, Egisto Macchi aux percussions et un certain Ennio Morricone à la trompette (oui, on parle bien du plus grand compositeur de trames sonores du 20ème siècle). Au programme ici : un amalgame très azimuté de musique sérielle, de musique concrète, de « sonorisme » et de musique électronique aride. Fascinant et déroutant. On est loin du Morricone lounge ou western spag.

  • Zizia – Genera (Zizia, Cassette) [2023]
    Mystérieux duo composé de Amber Wolfe Rounds (O You Villain) et de Jarrod Fowler (Pisaura), Zizia crée de la musique expérimentale et de l’art sonore écologique inspiré de l’agriculture biodynamique pour donner naissance à une forme de musique concrète très unique à travers laquelle la nature même semble s’exprimer… Superposant des enregistrements effectués par 36 ensembles sonores (34 trio et 2 quatuors, juste ça), les deux artistes sonore y ajoutent une grosse louche d’échantillonnage sonore, de synthés monophoniques, de bourdonnement d’abeilles, de boucles de bandes analogiques, de diapasons planétaires (?) et quelques instruments acoustiques contrôlés en tension. À l’écoute de ce périlleux et singulier album, on a l’impression très nette de s’enfoncer petit à petit dans la terre, la laissant nous digérer doucereusement, nous décomposer tels un tas de feuilles mortes. Humus sonore suprême.

  • The Camarata Contemporary Chamber Orchestra – The Electronic Spirit Of Erik Satie Featuring The Moog Synthesizer (Deram, Vinyle) [1972]
    Le genre d’album dont je raffole ! Des arrangements pour moog de Satie ; avec un orchestre de chambre qui accompagne le synthétiseur-soliste avec autant de raffinement que d’humour, respectant par le fait même l’esprit rigoureusement éclaté du compositeur français à barbichette préféré de tous.

  • Aphex Twin – Selected Ambient Works 85-92 (Apollo, CD) [1992]
    Disque marquant dans l’histoire du techno et de la musique électronique at large, ce premier opus discographique de Richard D. James sous le pseudonyme Aphex Twin est un album magnifique et indémodable. Près de 75 minutes d’ambient techno minimaliste propulsé par des textures savoureuses/rêveuses, des beats narcotiquement hypnotiques, des mélodies étranges et belles… Un jalon de l’histoire de la musique.

  • Yes – Close To The Edge (Atlantic, CD) [1972]
    Mon Yes préféré. Une classe des maîtres de prog symphonique britannique composée de trois longues pistes fabuleuses où s’entremêlent rock/pop psychédélique, musique classique, jazz et avant-garde. La pièce-titre de près de 19 minutes est le meilleur truc que le groupe ait jamais pondu… une suite mystique et féérique avec des passages instrumentaux complètement cinglés, des moments hautement émotifs (I get uuuupppp…. I get dowwwwn) et les paroles les plus WTF de Jon Anderson ever : « Une sorcière chevronnée pourrait t’appeler du plus profond de ta disgrâce, et réorganiser ton foie vers la grâce mentale solide »…. Euh…. KESSÉ T’AS FUMÉ JON , CALISS ?!?!?
    Juste un des 10 disques de prog les plus importants ever. Et un régal sonore à chaque écoute.

  • Ildjarn – Ildjarn (Norse League Productions, CD) [1995]
    Premier album éponyme pour LE projet norvégien le plus légendaire en frais de black métal ULTRA-primitif, cru, rageur, minimaliste/binaire, acerbe, aride, underground et lo-fi jusqu’à la moelle. Si vous trouviez que « Deathcrush » de Mayhem est cru, il sonne presque comme un album de jazz de la belle époque Blue Note à côté de cet opus morbide, fantomatique et crasseux…
    À travers ces 27 courtes pistes à l’esthétique très DIY/Hardcore Punk, Vidar Våer alias Ildjarn nous livre sa vision très personnelle et sans compromis de son art sombre… Les morceaux, surtout rapides niveau tempo, sont presque interchangeables. Ils semblent avoir déjà commencé quand on les aborde et se terminent abruptement, avant leur fin logique. Tout le long, on y entend ces mêmes battements ultra-simplistes de « batterie » qui sonnent presque comme un tiroir à ustensiles qu’on secoue. Les riffs de guitare sont incroyablement répétitifs. La voix cracheuse de venin et de poussière, paradoxalement, semble très proche (mais semble aussi avoir été enregistrée dans un cercueil six pieds sous terre, avec le pire micro de l’histoire). C’est donc pour public (très) averti. Mais selon moi, après un certain temps, cette musique, de par sa simplicité et sa structure cyclique, devient une forme d’ambient-muziK damnée et livreuse d’ivresse. Un grand grand album pour moi.

  • Sun Ra – The Magic City (Pan Am Records, Vinyle) [1966]
    Sieur Ra à son plus démentiellement out there, entre free jazz jusqu’au boutiste et musique contemporaine aride/abstraite/surréaliste. Un grand cru, avec une Face A qui fait grogner de peur/haine mon vieux chihuahua (true story) et une Face B un tantinet moins déconstruite mais quand même givrée à plus soif.

  • Album – Portrait De L’Artiste (Telephone Explosion Records, Vinyle) [2023]
    Délicieusement confus et sybillin… perdu dans son indicible brouillard contrôlé, où co-habitent des cuivres-libellules surnaturalistes voletant ça et là, des ombres ricanantes qui tapissent les murs vermeils, des fantômes jazz-noctambules et un homme en costard qui se tient dans un coin de la pièce chimérique – l’homme en costard de suie a une tête de cheval et il fume des cigarettes en peau humaine… Toujours ce sentiment d’être un funambule sur une corde invisible ; d’un côté le rêve et l’autre, le cauchemar… Les réminiscences opiacés d’un film noir expérimental qui n’a jamais existé… Chaque seconde (grisante) est une nouvelle perte de repère. On se demande comment telle musique peut exister et alors qu’on la laisse nous envahir, on finit par se demander si on existe nous-même…

  • Nick Cave & The Bad Seeds – Henry’s Dream (Mute, CD) [1992]
    Après un « The Good Sod » magnifique mais un peu plus assagi, les fans du Nicolas virulent seront ravis par ce rêve d’Henry qui renoue avec l’agression des Bad Seeds d’antan, mais tout en conservant les avancées sonores et l’instrumentation plus variée du précédent opus. Le songwriting de Nick ne fait que s’affiner et sa plume est plus acerbe que jamais. Il l’a fait aller de la plus belle façon sur ces ballades folk meurtrières et ces pépites punk blues damnées.

  • The Delfonics – Sound Of Sexy Soul (Philly Groove Records, Vinyle) [1969]
    Un superbe album de Smooth Soul avec une prod complètement luxuriante, des arrangements de cordes sirupeux, ces cuivres funky-sexy-addictifs et les harmonies vocales plus-magnifique-que-ça-tu-meurs des Delfonics, un de mes groupes préféré de tous les temps dans le département des cordes vocales.

  • The Men From S.P.E.C.T.R.E. – Magnetic Sunshine (Library Of The Occult, Vinyle) [2024]
    Les bibliothécaires de l’occulte frappent un autre coup de circuit avec cette somptueuse sortie des mecs en provenance de S.P.E.C.T.R.E. Ces Suisses laissent de côté leur neutralité un moment le temps de nous asséner une bonne grosse dose de psych en pleine poire. Au menu : space-rock, krautrock, dark-prog-rock avec flûtiau, funk obscur, orgue Hammond à la pelle, bongos et guitares bien acides… Comme la trame sonore d’un film série-Z mettant en scène un agent (très) spécial arborant une splendide et gigantesque ‘STACHE, des verres fumés et un revolver fuchsia à la main ; prêt à canailler les hommes-piranhas cracheurs de feu, les vampires danseurs de merengue et les sorciers vaudous trafiquants de jus d’étoile.

  • Ancient Iron – Endless Hunger For Conquest (Moonworshipper Records, Cassette) [2023]
    Une longue pièce (25 min.) de dungeon synth old school, extrêmement minimaliste, rudimentaire et mélancolique ; avec des passages très dark ambient. Le tout a une véritable aura maléfique et mystérieuse ; une présence spectrale luminescente dans les bois flétris et oubliés par les siècles… I just LIVE for this kind of thing !

  • Hermit Knight – Upon The Dawn Of The Vermilion Glaive (WereGnome Records, Cassette) [2023]
    Album complètement chef d’oeuvriffique de dungeon/comfy synth du chevalier ermite, projet solo du propriétaire de l’excellente étiquette WereGnome. C’est une oeuvre lumineuse, profondément humaine, épique, introspective, aux milles reliefs chatoyants… Le genre de musique qui m’évoque le passage de la vie à la mort, mais sans douleur ni regret ; juste en s’y abandonnant pleinement, la tête emplie de tous nos souvenirs, joies, peines et errances passées…
    Vraiment un des meilleurs projets actif sur la scène actuellement.

  • Fairport Convention – Liege & Lief (Island Records, CD) [1969]
    Un des plus importants groupes du renouveau folk britannique de la fin des années 60/début 70, Fairport Convention a frappé fort en 1969 en sortant trois excellents disques. Ceci est le dernier de cette superbe trilogie. Mélangeant tradition et modernité, les Anglais livrent un folk-rock progessivo-psychédélique, planant, hypnotique, rêveur et éthéré ; le tout sublimé par la performance vocale sans pareille de la chanteuse Sandy Denny.

  • Swans – Various Failures 1988-1992 (Young God Records, 2 x CD) [1999]
    Géniale compile de la période « lapin » des Cygnes, alors que la troupe de Gira/Jarboe officiait dans un registre néo-folk/goth/post-punk un tantinet plus accessible que leurs débuts complètement noisy-indus-no-wave-proto-sludge et la période post-rock-cyclique-répétitif-jusqu’au-boutiste qui allait s’ensuivre. On trouve ici plusieurs pépites des albums « White Light From The Mouth of Infinity », « 10 Songs For Another World », « Love of Life » et « The Burning World », ainsi que plusieurs singles issus de cette même phase créatrice d’un des groupes expérimentaux les plus importants de tous les temps.

  • Les Baxter & 101 Strings – Que Mango! (Vinyl Exotica Records, Vinyle) [1970]
    Un superbe album d’Exotica sirupeux à souhait (avec des arrangements et des orchestrations fantasques) paru à une époque où le genre n’avait plus vraiment la cote. Les Baxter et ses cordes y vont avec une vibe « Amérique du Sud » très sympa. Un disque vraiment super le fun et qui sonne merveilleusement bien (chapeau pour la réédition !). À conseiller à tous les fans de kitsch grandiloquent.

  • Kreator – Pleasure To Kill (Noise / BMG, CD) [1986]
    Quand je pense au Mont Rushmore des albums de Trash Metal, « Pleasure To Kill » fait définitivement partie du lot. Plus brutaux, cru, sauvages, démoniaques et rapides que les Metallica et Megadeth de ce monde, les Allemands de Kreator nous convient ici à une boucherie de riffs orgasmiques, de vocaux hargneux, de batterie furieuse… le tout avec une attitude très punk et in-your-face. Un délicieux concentré d’ultra-violence. Mon édition comprend aussi le EP « Flag Of Hate », tout aussi essentiel.

  • Rorqual – Perles & Diamants (Les Cassettes Magiques, Cassette) [2024]
    Le premier album de cet élégant quatuor trifluvien est un must absolu ! Mélangeant avec une agilité peu commune le noise-rock, l’emo, le post-punk, le post-hardcore à travers des compositions vertigineuses et arabesques, Rorqual livre la marchandise en TABARNAK ! Les amateurs des styles nommés précédemment ne peuvent que passer un moment d’extase avec ces perles diamantées totalement euphoriques.

  • Cardiacs – A Little Man And A House And The Whole World Window (The Alphabet Business Concern, CD) [1988]
    Un des groupes les plus génialement givrés de tous les temps…. Du PRUNK ? Késako ? Depuis leur arrivée dans le monde de la musique underground britannique au tout début des années 80, les Tachycardes mélangent (pour votre plus grand plaisir) rock progressif, post-punk, no wave, ska déjanté/2 tone, jazz de carnaval loufoque, musique de cabaret et avant-pop… le tout avec un leader-compositeur-chef-d’orchestre-guitariste-flûtiste-et-chanteur complètement détraqué en la forme de ce cher Tim Smith. C’est comme le mariage polygame et hors norme de Frank Zappa, Mr. Bungle, Carl Stalling, XTC, Gentle Giant, Faust, Henry Cow, les Residents et Devo. (juste ça)…
    Ah oui, sinon : à chaque fois que j’écoute R.E.S., je me dis que c’est genre la meilleure toune de tous les temps !!!

  • Faceless Entity – Demented Incantations (Argento Records, Vinyle) [2014]
    La réédition du premier EP de cette horde black métallique « sans visage » en provenance des Pays-Bas qui était initialement paru au format cassette sur l’étiquette « The Throat ».
    Demented Incantations, c’est un seul (long) morceau qui est en quelque sorte une transmission entre le monde des mourants et celui des morts, le tout parasité d’interférences incantatoires abstraites et immondes… Du BM très atmosphérique et primitif (comme je l’aime) mais sublimé par cette aura fantomatique ; cette espèce d’impression que l’enregistrement nous provient de très loin (d’une autre réalité) et qu’on en perd des bribes à travers les vents cosmiques et les différents vortex temporels qui relient cette musique à nos oreilles… Il y a définitivement une présence maléfique à travers ces 32 minutes de fureur opiacée mais aussi presque ambient à cause de la distance évoquée ci-haut. Les amateurs de Black Cilice, Candelabrum et Darvulia seront en territoire connu.

STREAMING


GUILLAUME P. TRÉPANIER

Sélection thématique ROCK PROGRESSIF SOMBRE (partie 1)

  • Van Der Graaf Generator – H To He Who Am The Only One (1970) [UK]
  • Semiramis – Dedicato A Frazz (1973) [Italie]
  • Pollen – Pollen (1976) [QC)
  • King Crimson – Red (1974) [UK]
  • Soft Machine – Third (1970) [UK]
  • Kracq – Circumvision (1978) [Pays-Bas]
  • Genesis – Trespass (1970) [UK]
  • Le Orme – Felona E Sorona (1973) [Italie]
  • The Mars Volta – Frances The Mute (2005) [US]
  • Banco Del Mutuo Soccorso – Darwin! (1972) [Italie]
  • Anekdoten – Vemod (1993) [Suède]
  • Magma – Mekanïk Destruktïẁ Kommandöh (1973) [France]

J’ai toujours eu un faible pour le prog « dark twisted », glauque, dramatique, hanté, amer, angoissant, poignant, tragique… Que ce soit dirigé comme une pièce de théâtre ou alors seulement comme un cri du coeur bien personnel.

Avez-vous un préféré parmi cette sélection?


LÉON LECAMÉ

  • ГНЁТ (Gnyot) – Бремя (black metal atmosphérique)
  • Don Haugen – Schadenfreude (harsh noise)
  • coffret de bijoux – J’aeae cr​à​iserais j’squa je n’a​ï​e pluxe d’e vie​,​.​,​.​, perssonage n’ex sembleple s’enne pr​é​onccuxperale (ambient black metal)
  • Master Grave Services – On The Subject Of Pestilence (harsh noise)
  • CT57 – distant sounds of desolation (vaporwave, drone ambient)
  • EBOLA – Distorted Romance (suicidal depressive black metal)
  • Leslie Keffer – Veiled Matter (industrial folk)
  • Gates And Mystic Doors – Keys To The Astral Gates And Mystic Doors (black metal atmosphérique)
  • Труп Колдуна – Древний Костолом (keller synth, black ambient, dungeon synth)

critiques

Grobschnitt – Solar Music – Live

Année de parution : 1978
Pays d’origine : Allemagne
Édition : Vinyle, Brain – 2009
Style : Psychédélique, Rock Progressif, Space-Rock, Krautrock

Oh que OUI !!! Un des meilleurs albums « live » de tous les temps et possiblement le meilleur truc que Grobschnitt (bordel que ce nom est l’fun à prononcer) ait jamais enregistré. Ces joyeux pyromanes (voir la pochette) amateurs de fumette et d’atmosphères intergalactiques nous livrent ici la version la plus endiablée de leur « suite solaire » (qu’on retrouvait initialement sur leur second album studio, « Ballermann », paru en 1974). Au menu ? Du Rock SPATIAL grand cru avec de la guitare complètement orgiaque, une batterie tribalo-kaléidoscopique, d’la basse choucroutée, des claviers qu’on dirait tout droit sortis d’une bande-annonce d’un film de sci-fi early 80s et des vocaux d’handicapés sévères. Sounds like a good time ? That’s because it is !

Ce n’est pas un vulgaire album en pestak où le groupe se contente de jouer les notes justes devant un public déjà conquis… Que nenni monseigneur ! Tout ici n’est que passion, communion, DROGUES, puissance brute, amour des sons libres et fous, incandescence, folie irradiante et irradiée. Ces gens sont FAITS pour le live. C’est leur champ de bataille. Leur chemin de croix. Leur laboratoire de catastrophe générale. Leur exutoire céleste.

Bordel que j’aime comment cela SONNE. La prise de son est énorme. Le mix de Eroc est splendissime. C’est sauvage tout en étant lisse comme la peau d’un bébé dauphin. Inutile de vous parler des pièces ! L’album n’est qu’un seul même bloc-morceau monolithique qui monte constamment en intensité, avec des moments de douceur où la tension demeure enfouie au coeur de la bête (sans jamais mourir).

La FACE A, après une brève intro rigolote (marque de commerce des galopins), prend tout son temps à installer son atmosphère céleste… Après un 5 minutes à voleter ci et là, la supernova sensorielle nous happe de plein fouet lorsque nos tympans arpentent la section nommée « Solar Music II ». C’est l’heure de se prendre une FORTE dose de Space Rock véloce et extatique en plein cortex chers amis ! Non mais écoutez cette guitare !!! Et cette batterie !!! Les autres muzikos ne sont pas en reste, aidant à tisser cette musique créatrice de mondes intérieurs ; de galaxies névralgiquement vôtres. Le côté UNO de la galette se finit en coït interrompu.

On retourne le disque venu d’ailleurs, on dépose l’aiguille et on repart exactement là où il nous avait laissé : à l’épicentre d’un quelconque vortex de galvanisante guitare électrique. Ensuite, on souffle un peu à travers des moments plus doux (« Golden Mist »), là où les claviers psychotroniques sont comme une fine pluie acide que des nimbostratus surréalistes déversent sur un volcan sur le bord de l’effusion… La batterie se fait encore plus énigmatique. La basse toujours constante, agissant comme assise précieuse à toute cette immensité. Les rires narcotiques sont salaces. Et ça finit par re-galoper dans une course effrénée, vers l’orgasme tant attendu (et désiré).

Et voilà que ça arrive juste au bon moment ! Les gars de Grobschnitt ont la décence de nous achever juste quand eux ils se calment aussi ; sans nous labourer ça inutilement post-jouissance. En guise de pillow talk, ils nous servent une petite dose d’ambiant rappelant le rêve de mandarine. Exquis. Ils savent recevoir ces chevelus garçons !

Donc… mes amis… Vous vous en serez douté vu mon côté dithyrambique en pleine action, ce disque est un MUST absolu pour tout amateur de musique de drogué, de kraut psyché, de Floyd et ersatz, de Hawkwind et compagnie. C’est rare que je dis cela mais si vous voulez vous initier à la musique de Grobschnitt, COMMENCEZ par ce disque live proprement ahurissant. GRAND.


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critiques

Album – Portrait de l’artiste

Année de parution : 2023
Pays d’origine : Canada (Québec)
Édition : Vinyle, Telephone Explosion – 2023
Style : Experimental, Jazz, Musique électronique, Improv, Psych, la nuit et le brouillard

Délicieusement confus et sybillin… perdu dans son indicible brouillard contrôlé, où co-habitent des cuivres-libellules surnaturalistes voletant ça et là, des ombres ricanantes qui tapissent les murs vermeils, des fantômes jazz-noctambules et un homme en costard qui se tient dans un coin de la pièce chimérique – l’homme en costard de suie a une tête de cheval et il fume des cigarettes en peau humaine… Toujours ce sentiment d’être un funambule sur une corde invisible ; d’un côté le rêve et l’autre, le cauchemar… Les réminiscences opiacés d’un film noir expérimental qui n’a jamais existé…

Les bobines défilent, s’entremêlent, sont coupées/ré-assemblées en direct dans nos tympans imprégnés d’une luxure sonore aussi diffuse que spectrale… Les ombres chuchotent dans le costumier des trépassés unijambistes hypnagogiques ; costumier dont les murs lézardés laissent s’échapper une épaisse fumée vermeille et psychotrope… celle qui fait entrevoir les pays lointains (ceux au delà des palissades de lierre liquide) à quiconque en inhale une trop copieuse quantité…

Une femme moitié translucide « glitch » dans un corridor connexe ; elle apparaît et disparaît constamment, scintillant, brillant ; ses yeux sont cousus avec du fil à pêche, un collier de perles maudites et de dents de singes capucins pend à son cou. Elle semble implorer son Dieu, qui prend la forme bien particulière d’un simulacre déformé de Charlie Parker… mais c’est comme si ce dernier avait fusionné avec Nyarlathotep… Il y a donc beaucoup de bouches et de crocs acérées ; beaucoup de tentacules et de micro-saxophones qui sortent de plusieurs orifices jusque là insoupçonnés….

Des nains de jardin aux sourires figés et aux regards impassibles s’emparent de cuivres et de divers anti-instruments. Ils se mettent alors à tisser un jazz insondable et kafkaïen, alors qu’une masse obscure et difforme (dont les orifices oculaires sont obstrués par des diamants brut) s’installe au clavier derrière eux, recouvrant leurs missives psychédéliques d’une couche atmosphérique fuligineuse ; tout en faux-fuyants duveteux-moelleux-languissants. C’est beau et incertain. Chaque seconde (grisante) est une nouvelle perte de repère. On se demande comment telle musique peut exister et alors qu’on la laisse nous envahir le cortex (à perpétuité), on finit par se demander si on existe nous-même…

Un Chien Andalou, mais filmé au dessus du convenience store de Fire Walk With Me. Un film produit et financé par les Grands Anciens.


Dans un même état d’esprit, Salade vous recommande :

critiques

Kanye West & Burzum – Hvis Yeezus Tar Oss

Année de parution : 2024
Pays d’origine : États-Unis / Norvège
Édition : Vinyle, Byelobog – 2024
Style : Rap expérimental, dungeon synth, black métal atmosphérique

En musique, je dis souvent que presque rien ne peut me surprendre… mais là, je suis quand même tombé cul par-dessus tête (ou l’inverse, je sais plus trop) quand, en début d’année, j’ai vu une photo de ce cher barjo de Yé (en compagnie de JPEGMafia) arborant fièrement un gaminet de Burzum, projet black métallique du non moins controversé Varg Vikernes (qui fait aussi de la musique de fond pour des bains/spa nordiques ces récentes années).. L’événement était déjà étrange en soi (bien que, connaissant, notre Yeezus chéri, il n’est pas à une contradiction près dans sa vie mouvementée et dans l’élaboration de sa démence inéluctable, étape par étape)… Je ne pensais cependant pas que les choses iraient plus loin dans le biscornu…

Et bien, je ne pouvais pas me fourvoyer plus royalement… Il se trouve que les deux hommes, secrètement, ont entamé une correspondance via courriel, ce qui a bien rapidement viré en authentique bromance en bon et du forme (entre intolérants, on se comprend toujours)… Après avoir refait le monde sur divers sujets chauds (Israel, les maudits wokes, les maudits pro-avortement, leur appréciation commune pour les peintres néo-romantiques, Tucker Carlson et Klaus Schulze, leurs recettes de sauce à spaghetti, etc…) et maintes joutes endiablées de MYFAROG, la conversation aurait alors tourné autour de la musique… De fil en aiguilles, une collaboration aurait été évoquée. Les deux lascars commencèrent alors à imaginer une improbable fusion de leurs deux sèves créatrices… Des fichiers sonores furent échangés, des Stouts furent consommés alors que des antipsychotiques furent oubliés d’être ingérés…

En février, c’est dans l’anonymat le plus complet que Louis Cachet s’envola pour le Wyoming. Pour ne pas se faire reconnaître, il porta un habile déguisement de Dumbledore (le célèbre directeur de l’école de sorcellerie Poudlard), mentionnant aux douaniers qu’il souhaitait se rendre au KomiK Kon de Cheyenne-City. Les gens n’y virent que du feu ; feu que Vargounet, en pyromane notoire, dû se raisonner à ne pas allumer à tous les coins de rue une fois sur place (ce ne sont pas les églises qui manquent dans cet état américain !).

Quand Varg arriva finalement à la demeure luxueuse de Yé, les deux hommes s’enlacèrent virilement. Après avoir épuisé leur (vaste) éventail de jokes antisémites (cela dura quatre heures 47 minutes et 23 secondes, très exactement), ils se mirent au boulot… sans relâche, sans interruption… Plusieurs collaborateurs se joignirent au duo à travers les sessions chaotiques (Pusha T, Douglas Pierce, Ariel Pink, Fred Durst, Lil Uzi Vert et même… André Rieu !). Le génie schizoïde de ces deux mondes pourtant opposés s’enchevêtra, créant une matière sonore nouvelle, lisse, inusitée, passablement saugrenue…

Mais qu’en est-il justement de ce disque qui est paru soudainement aujourd’hui même (sans crier gare) !?!? Ça donne quoi la rencontre de ces deux entités ? Et bien, cela commence avec une intro magistrale, nommée Donda Baldrs… les violons de l’ensemble de Rieu s’emballent et nous emportent dans une valse damnée et dissonante. Les claviers analogiques froids et cheapos de l’oncle Vargounet s’élèvent au dessus de cette anti-liesse bruitative. Puis cette voix au vocoder, plus gelée et inhumaine qu’avant, plus trouble aussi, vocifère « Donda…. Donda…. Donda…. DONDA ist KRIEG !!! » (hurlant le tout à la fin). La production est IMMENSE. On comprend dès le début qu’il ne s’agit pas d’une collabo sur l’auto-pilote, mais d’un monument de noirceur, accouché dans l’extase et la douleur, par deux artistes qui n’ont plus rien à perdre, qui veulent mettre leurs tripes sur la table.

En faisant un habile clin d’oeil à une piste du premier album de Burzum, Varg introduit la prochaine piste (14/88) en chantant : « This is… eummm…. YE !!! ». Puis Yeezus embarque sur le mike avec vélocité et hargne, conchiant les médias gauchistes, Netanyahu, son ex-conjointe, Taylor Swift, Elon Musk, Ben Shapiro… tout le monde passe dans le tordeur de Kanye, qui a rarement été autant en mode « règlement de comptes »… Derrière, Varg tisse un beat minimaliste et efficace avec son AIR Velvet 2… mais bientôt, surprise ! La guitare électrique du comte Grishnákh se fait entendre ! Varg renoue donc avec cet instrument, assénant des riffs narcotiques/hypnotiques dans les oreilles des auditeurs galvanisés par le moment.

Un sample de la commentatrice politique américaine Candace Owens introduit le troisième morceau Gebrechlichkeit III : “Leftism is defined as any political philosophy that seeks to infringe upon individual liberties in its demand for a higher moral good.”… Nébuleux et aussi profondément intellectuel qu’une liste d’épicerie sur un post-it collé sur le frigo… Niveau musique, comme le nom de la pièce l’indique, on renoue avec la très cafardeuse ambiance de l’album Filosofem de Burzum ici. C’est une longue piste très ambiante de 16 minutes bourrée de clavier opiacé, de vocoder hanté, de guitare électrique décalibrée. Ce cher Ariel Pink, revêtant ici sa casquette de producteur, vient mettre son grain de sel en apportant son ambiance hypnagogique-fantomatique. Ça sonne presque comme un instrumental de Frank Zappa, mais MORT, poussiéreux et faisandé. Vers la fin, Douglas Pierce intervient d’un rudimentaire mais expéditif « I was cancelled YEARS before all of you, you PUSSYFIED LOSERS ! ». Acerbe, le monsieur.

Le tandem miraculeux réussit à nous surprendre encore ensuite en reprenant tour à tour la pièce Hitler Was A Sensitive Man de Anal Cunt (sans aucune ironie) et La La Means I Love You des Delfonics (choix audacieux et… étrange !) dans un mash-up ultra saugrenu ; avec un Fred Durst qui n’est pas ici employé comme vocaliste mais plutôt comme échantillonneur sonore (le petit bruit de sac de croustilles Lays au ketchup qui se fait chiffonner en background, c’est lui ! Remarquable travail). On continue ensuite notre périple avec la très bien nommée Into THA dungeon, où Kanye nous décrie son donjon de luxe dans les moindres détails, en faisant du name-droppin à outrance (le donjon aurait été conçu par l’architecte danois Bjarke Ingels) et en utilisant le mot « pussy » 48 fois (parce ce que c’est évidemment un donjon…. SEXUEL !). Vargounet nous pond une mélodie de synthé donjonné toute simpliste mais bigrement efficace en fond sonore.

Vous ai-je dit que cet album surprend !?!? Et bien, vous n’êtes pas au bout de votre flabergastage, mes amis ! Sur la prochaine toune, Key to THA MOTHAFUCKIN Gate, on entend pour la première (et seule ?) fois Varg Vikernes RAPPER !!! Ici, c’est Yé qui s’occupe de la prod, fort luxuriante et bling bling, pendant que Louis Cachet crache son fiel dans l’micro… Et malgré l’accent norvégien, le mec a du FLOW !!! Il envoie paitre Emmanuel Macron, les policiers qui ont osé le réveiller un doux matin de juillet 2013, le réalisateur du film « Lords of Chaos » (« One Fake and Sorry SOB, when I think about him, I feel STABBY », de dire le maître incontesté de la savate et du diss, apparement !). Encore une fois le pauvre Euronymous n’est pas épargné… « If I could go back in time, I wouldn’t change a thing… I’d still stab you’ bitch ass a thousand times ». Il se permet même un dig (sympa) à sa femme Marie Cachet, critiquant son récent pot-au-feu racines et courgettes (Yo bitch ! That shit was nasty ! Next time instead, feed me yo’ pussy ! »).

L’album se conclue ensuite sur la pièce de résistance My Beautiful Det Som Engang Var… Ré-imagination du morceau d’ouverture du troisième album de Burzum mais fusionné avec l’esthétique grandiloquente du plus célèbre album de Kanye. Impossible de parler de ce morceau de bravoure. Il faut en faire l’expérience. Quand Pusha T chante « My cancellation INCOMIN, but tha DOLLA to feat on this is too TEMPTIN ! Nigg*, what can I say ? My conscience ain’t shit ; as long as the dough keeps on’ PILIN ! », on le sent au plus profond de notre être…

Donc, SANS PLUS TARDER, vous DEVEZ écouter cette merveille avant qu’il soit impossible de le faire. On s’entend que ça va rester un gros 5 heures sur les internets avant d’être interdit. Vous pourrez cependant vous commander une copie vinyle sur un site Angelfire louche tenu par un dude qui vend aussi du Goatmoon et du RAC.


Dans un même état d’esprit, Salade vous recommande :

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UgUrGkuliktavikt – Organum Psychosis

UgUrGkuliktavikt (le projet de votre humble serviteur) récidive avec la suite logique de Videmus nunc per speculum in aenigmate. Il s’agit de la partie deux d’un triptyque consacré à la déconstruction/déconcrissage de musiques glanées sur les archives internet… S’en résulte des collages sonores assez troubles, parfois cauchemardesques ; parfois rêveurs. « Videmus » était surtout centré sur le chant choral et la musique médiévale, mais comme son nom l’indique, « Organum Psychosis » se concentre surtout sur des samples d’orgue. Je crois que les fans de Basinski, The Caretaker, Gisèle Vienne et de la trame sonore du film-culte The Carnival of Souls seront ravis et satisfaits….

Bonne écoute, qui que vous soyez (et surtout les fantômes). Et n’hésitez pas à visiter la page Bandcamp d’UgUrGkuliktavikt pour d’autres horreurs anti-musicales. Vous pouvez aussi acheter une copie cassette de mon album De Vermis Mysteriis sur le Bandcamp des Cassettes Magiques, le label trifluvien le plus sensasssss de tous les temps.